Le match avec l'Algérie n'aura donc pas eu lieu. Puisqu'il n'est pas allé à son terme. Formidable pied de nez à une «rencontre» imposée par des autorités footballistiques et politiques qui ont marché main dans la main. La prise de parole du président Simonet et de la ministre Marie-George Buffet dévoilant cette connivence, à six mois des élections présidentielles. Douze ans après la chute du mur de Berlin, une nouvelle idéologie, celle du sport, s'impose peu à peu en France. Toute idéologie véhicule son utopie et c'est le football qui a été chargé de proposer cette nouvelle utopie.
A l'heure où tout va mal, où la guerre menace, jouons au football, remettons-nous-en à ses coups de baguette magique. Lorsque l'Apocalypse viendra, nous serons sans doute tous en train de disputer une partie. Et la mort sera douce. Utopie internationale, mais utopie politique aussi. L'équipe de France étant le modèle déposé de l'intégration, le sport étant le mode privilégié de l'intégration, ce France-Algérie sonnait donc aussi comme un hymne à l'intégration des millions de Français d'origine algérienne. On comprend la présence presque au grand complet du gouvernement dans les tribunes présidentielles. Tout devait bien se passer.
Mais la bronca lors de la Marseillaise, et les sifflets, chaque fois qu'un Français touchait le ballon, démontrèrent l'effet inverse du but recherché. Et la télévision, alliée numéro un de cette fête fraternitaire, fut prise au piège de ses pouvoirs, amplifiant jusqu'aux q