La première salve des frappes américaines s'est faite entendre avec, pour une fois, un constat relativement partagé: personne ne peut s'étonner qu'un Etat, et encore moins le plus puissant, ne puisse rester sans réagir à une telle offense, personne n'imagine que ces frappes puissent être décisives. Dans le monde d'hier, la guerre violente et cruelle finissait par clarifier les choses. Dans le monde de l'après-11 septembre, la guerre épaissit les problèmes, même si la riposte paraît somme toute parfaitement légitime.
Sans anticiper sur la suite, il est d'ores et déjà possible de tirer deux enseignements de cette crise aux effets en chaîne considérables. Le premier a trait à la rupture qu'introduit le 11 septembre dans l'ordre mondial. Le second au caractère apparemment civilisationnel du conflit entre l'Islam et l'Occident.
Sur le premier point, un fait s'impose à nous. Le 11 septembre marque la fin de la période de transition mondiale ouverte par la chute du mur de Berlin en novembre 1989. Certes, depuis la fin de la guerre du Golfe, on a pu mesurer les illusions d'un nouvel ordre mondial bâti sur les ruines de l'effondrement soviétique. Mais l'explosion de la violence non étatique le 11 septembre nous a fait changer d'échelle. Désormais, ce n'est plus d'un système international dont il faut parler mais d'un système social mondial, où l'armature des Etats cohabite aux côtés de celle du marché et des acteurs en réseau de la société non étatique. Ces acteurs nourrissent entre eu