Le choc des attentats contre le World Trade Center et le Pentagone n'a fait taire que quelques heures durant l'expression de l'une des idéologies les plus répandues aujourd'hui en France et dans le monde: l'antiaméricanisme. Passé le premier moment de stupeur, cette idéologie s'est même, semble-t-il, encore durcie. Les discours en place ont été revivifiés. Très rapidement, le discours antiaméricain jugea que les Etats-Unis étaient responsables, par leur politique étrangère et leur hégémonie mondiale, de ce qui était arrivé à New York et à Washington. Il a été possible d'observer la capacité d'adaptation de l'antiaméricanisme, issue d'une longue tradition intellectuelle européenne, mais pas seulement, puisque l'on retrouve souvent des dénonciations semblables sous la plume d'intellectuels de gauche en Amérique même. L'émergence du mouvement antimondialisation s'est chargée de remettre à l'avant de l'actualité un discours antiaméricain qui est plus qu'une résurgence de celui des années 70.
L'antiaméricanisme a été constant dans la pensée européenne des deux derniers siècles. Les Etats-Unis étaient vus comme le symbole d'un monde moderne qu'il fallait refuser, comme la construction achevée du capitalisme, de l'urbanisation et de la dégénérescence de la culture, avant même que l'on critique leur hégémonie mondiale. Surtout à droite, mais aussi à gauche, les projections idéologiques sur la nouvelle puissance mondiale furent multiples et variées. On craignait, dans les Etats-Unis,