Le 11 septembre, la terre a tremblé et plus rien ne sera comme avant. Ce choc barbare, incompréhensible, nous a marqués pour toujours. Le 18 septembre, à Hambourg, Karlheinz Stockhausen s'est exprimé à propos des attentats: «Ce à quoi nous avons assisté, et vous devez désormais changer totalement votre manière de voir, est la plus grande oeuvre d'art réalisée: que des esprits atteignent en un seul acte ce que nous, musiciens ne pouvons concevoir; que des gens s'exercent fanatiquement pendant dix ans, comme des fous, en vue d'un concert, puis meurent...».
Comme l'a rapporté Georges Steiner dans Langage et silence: «Les hommes sont complices de ce qui les laisse insensibles.» Aussi, nous nous insurgeons contre les propos de Stockhausen, non seulement en tant que citoyens d'un état laïque et démocratique, mais surtout comme interprètes de sa musique. Comment ce grand compositeur peut-il ne pas avoir un regard de citoyen du monde sur cette catastrophe et la ramener d'une façon aussi nombriliste à sa propre création?
Déjà en 1977, il écrivait: «Je crois vraiment aux nouveaux matériaux, aux ondes alpha de l'homme, aux vibrations qui permettront dans quelques années pas dans cent ans, dans vingt ans tout au plus de moduler une onde avec un homme pour le faire voyager en dehors de notre système solaire. Car, comme tous les scientifiques, je veux faire le voyage cosmique; il n'est pas question de rester sur cette île pour toujours, ce serait trop bête, il y a trop de problèmes idio