«Pourquoi les dignitaires musulmans se refusent-ils à prendre position et à dénoncer aussi clairement que possible les outrages que les intégristes ourdissent en leur nom et au nom de l'islam?», répète-t-on ici ou là. Un tabou, la parole? L'architecture de l'islam nous dicte une réponse bien ciselée, mais insuffisante: le «clergé musulman», clergé moral avant tout, ne parle pas d'une même voix et lorsqu'il s'exprime son point de vue est tellement précautionneux qu'il échappe à toute compréhension. Problème de discours, de communion, de leadership? Sûrement, tout cela à la fois, mais pas seulement. La place de Dieu en islam est encore prépondérante par rapport à la place de l'homme. Ce totem est si prestigieux que l'homme n'arrive pas encore à renégocier la sienne. Aussi, la réponse que le dignitaire musulman est susceptible de donner soulage plus qu'elle informe, l'affect se substituant souvent à la cruauté du réel. Toute autre réponse serait malvenue, et c'est justement là que la rupture sémantique opère sans retenue et que les quiproquos sont légion. Mais, au quotidien, l'Arabe et le musulman ne veulent plus être appréhendés comme individus identiques dénués de toute conscience. L'observation indique clairement que des différences fondamentales existent entre les doctrines de l'islam, entre les citoyens de tel ou tel pays et même, au sein d'un même peuple, entre différentes couches sociales. D'aucuns parmi les musulmans qui ont subi les mêmes avanies comprennent suffisamme
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L'islam doublement agressé
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par Malek CHEBEL
publié le 18 octobre 2001 à 1h17
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