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Libération

Espace d'espèces

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publié le 19 octobre 2001 à 1h18

A la guerre, nul domaine proche ou lointain de l'activité humaine n'échappe. Celui-là est très lointain, qui traite de la nomination des astéroïdes ­milliasses de caillasses que l'astronomie recense, identifie et baptise. En règle générale, les corps célestes et flottants dans les espaces infinis qui effrayaient Pascal se voient attribuer des noms de savants, découvreurs ou mythologies, d'artistes ou de personnalités dont l'autorité morale fait les reposantes unanimités. Ainsi reste-t-on entre soi, dans des limbes intimes et des choix consensuels, car les savants ont d'autres chats à fouetter et autres raisons de s'empailler. Adviennent les attentats du 11 septembre, et toutes les traditions sont ébranlées. L'Union astronomique internationale aussi: lundi, elle a décidé de donner aux trois astéroïdes 1980 DN, 1980 PV1 et 1980 TE7, que découvrirent les observatoires tchèque de Klet, chilien de la Silla et chinois de la Montagne pourpre, les noms de Compassion, Solidarité et Magnanimité. Ces triplés sont explicites enfants de la crise, à propos desquels le secrétariat de l'organisation précisa qu'ils seraient ainsi baptisés «à la mémoire des victimes des attaques terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis». Jusqu'ici, tout va bien. Et puis, finalement, non. Problème. Le secrétaire général de l'UAI, Hans Rickman, qui enseigne les astres à Uppsala (Suède), n'a pas écarté le risque d'un syndrome de Durban (la guerre des mots lors de la conférence contre le racisme), lorsque l'ass