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Libération

Retraites : vive la gauche... américaine

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publié le 22 octobre 2001 à 1h19

La façon dont le gouvernement traite la question des retraites a quelque chose d'assez déconcertant. Surtout si on fait la comparaison avec la stratégie suivie aux Etats-Unis par le Parti démocrate, cette gauche «américaine» si souvent raillée en France. Pendant toute la durée de la présidence Clinton (1992-2000), les démocrates ont eu un seul objectif: utiliser l'argent de la croissance pour transformer le déficit budgétaire en excédent net, de façon à constituer des réserves et à garantir la viabilité à long terme du système public de retraites par répartition, menacé par les visées républicaines.

Ce combat est d'ailleurs toujours en cours. Le président Bush tente actuellement d'exploiter les attentats du 11 septembre pour faire voter les baisses d'impôts que les démocrates lui avaient précédemment refusées. C'est le retour non pas du volontarisme économique, mais de la vieille stratégie inaugurée par Reagan dans les années 1980: plutôt que de s'attaquer de front aux dépenses sociales, on commence par baisser massivement les impôts et par creuser les déficits, de façon à ce que les gouvernements futurs soient contraints de sabrer dans les dépenses. Ce n'est pas un hasard si Joseph Stiglitz, économiste proche des démocrates, a choisi d'organiser dès l'annonce de son prix Nobel, le 10 octobre, une conférence de presse pour dire tout le mal qu'il pensait des baisses d'impôts de Bush. Une semaine plus tôt, Robert Solow, autre prix Nobel, avait également expliqué dans une interv