En criminalisant l'usage de drogue, la loi de 1970 suggérait à la société et au monde médical une interdiction de parole et de dialogue autour de cet usage. Le toxicomane a été longtemps considéré par les médecins comme étant d'abord un déviant, alors que le fumeur était accepté et l'alcoolique plus ou moins méprisé. Jusqu'à ces dernières années, le consommateur de drogues dures ne devenait un patient qu'après avoir été un délinquant que l'on avait d'abord puni. C'était un regard structuré par le discours social ambiant.
Il a fallu l'arrivée du VIH dans les années 80 posant la mort à l'ensemble de la population comme possible, pour que la perception évolue; les textes n'ayant pas changé. Poser le problème en terme de santé publique et mettre en place progressivement une politique de réduction des risques ont contribué à faire voler en éclats notre approche: les drogués sont devenus des patients comme les autres. D'une certaine façon, l'opposition permis-interdit a embrouillé nos esprits dans notre réflexion de soignant. Pourtant, que ce soit pour se détendre ou par toxicodépendance, on peut parler à la fois de produit, mais aussi de médicament quand on consomme ces substances psychoactives. L'écoute attentive, sans jugement, aurait permis à nos patients de nous délivrer leur message, de nous expliquer que leurs drogues sont, soit apaisantes, soit hypnotiques, soit antidépressives, soit enfin psychoactives ou tout cela en même temps. Dès lors que nous admettons que ces substan