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Libération

Oussama tourangeau

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publié le 31 octobre 2001 à 1h26

Un fond de peur vous hante, et tout est modifié. Du fait divers advenu lundi à Tours, où un forcené a abattu quatre personnes, l'évolution, telle que rapportée en temps réel par les médias immédiats (radios, télés, agences), fut édifiante: non-dits et circonlocutions y signifièrent exemplairement. Le treillis dont il fut dit que s'était habillé le meurtrier et l'hypothèse qu'ils fussent plusieurs ont réactivé instantanément, pour ainsi dire mécaniquement, une terreur de l'attentat comme un spectre courant entre les lignes, psychose qu'exacerba insidieusement la dépêche de l'AFP annonçant, à 12 h 02, l'interpellation du forcené. Celui-ci y était décrit comme «un homme brun, de petite taille et semblant porter une moustache». En cette étrange notation ­ car la façon de faire n'est pas coutumière ­, on était invité à lire, comme en remplissant les blancs d'un trait pointillé, que la question de l'identité du criminel restait pendante: les caractères «brun», «de petite taille» et «portant une moustache» entretenaient l'hypothèse de son «type maghrébin»; en creux, «brun, de grande taille, portant une barbe» n'eussent pas mieux nourri celle qu'il fût Oussama ben Laden. L'urgence de l'agence ne pressait pas l'Elysée, dont le communiqué «tomba» vers 18 h 30, soit plusieurs heures après qu'il eut été établi que Jean-Pierre Roux Durrafourt était bien blanc, bien français et bien «de souche». Jacques Chirac, signataire, y faisait pourtant état de son «effroi» devant un «acte barbare»,