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TRIBUNE

L'illusion du risque zéro

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Les événements de New York et Toulouse nous rappellent que l'éradication de tout danger est impossible.
par David SIMONNET, financier d'entreprise. Il collabore au «Dictionnaire d'histoire, économie, finance et géographie» (PUF).
publié le 1er novembre 2001 à 1h29
(mis à jour le 1er novembre 2001 à 1h29)

Septembre 2001 marque le retour violent de l'aléa moral. Ce terme de microéconomie de l'assurance a été généralisé dans le cas d'asymétrie d'information lors de contrats passés entre deux parties. Défini comme un comportement qui peut inciter à des risques supplémentaires par le fait même d'être assuré, il caractérise dans des domaines très différents l'insécurité qui naît paradoxalement de systèmes trop rationnels et trop sûrs d'eux. L'importance croissante des logiques de précaution traduit à la fois le refus de plus en plus radical de la mort violente et le prix quasi infini accordé à la vie. Mais en ayant prétendu construire une ère nouvelle du risque zéro, nous sommes allés plus loin. Nous avons cru à l'éradication du risque et des aléas sur les champs de bataille et dans le nouveau monde industriel.

Avec le plus grand sinistre industriel que notre pays ait connu depuis la Seconde Guerre mondiale, la promesse industrielle est désormais vécue comme la menace d'une catastrophe. Pour autant, la solution de la délocalisation, qui dissimule le risque, n'en modifie en réalité ni la nature, ni la mort qui y est associée. Elle évite également le débat sur les causes des risques et la diversité des réalités du nouveau monde industriel. Les causes reposent sur les dispositifs techniques, souvent inoffensifs à l'arrêt, mais dont les conditions de mise en oeuvre révèlent la puissance redoutable. La diversité du nouveau monde industriel se mesure à la capacité de diagnostic d'une ins