Le sinistre privilège des terroristes, le seul sans doute qui les définisse vraiment, c’est de pouvoir partout porter la mort. Certains croyaient l’histoire achevée, la géographie dépassée, les bouleversements démodés. Illusion! Le tragique est toujours là. L’effondrement du World Trade Center marque la première grande convulsion du XXIe siècle, le premier déchirement du monde globalisé qui, depuis une décennie, se construit parfois plus que nous ne le construisons.
Bien sûr, depuis la chute du mur de Berlin, la guerre n'avait pas disparu. La tragédie yougoslave et le génocide rwandais sont encore tout proches. L'inédit, c'est le fait que la première puissance mondiale soit victime sur son territoire d'une agression massive et planifiée. L'agresseur n'est plus un Etat identifié, mais une nébuleuse criminelle dotée de moyens financiers considérables et de nombreux relais humains. Se déroule sous nos yeux une guerre d'un type nouveau, guerre asymétrique de réseaux, où la puissance devient faiblesse et la faiblesse puissance. Une guerre que l'on commence en tuant des civils à coups d'avions détournés, que l'on continue en terrorisant les populations au moyen de bactéries armées d'origine «extérieure» ou «intérieure», avant d'exploiter demain peut-être la puissance déflagratrice de l'atome.
Pourquoi cet hyperterrorisme? Quelle est la géopolitique du crime? Non pas, comme ses chefs voudraient le faire croire, défendre le sort des enfants irakiens et soutenir la cause palestinienne.