Menu
Libération

Allons Corses de la patrie...

Article réservé aux abonnés
publié le 10 novembre 2001 à 1h34

Pourquoi les Corses nous font-ils rire? Certes, ça ne réjouit personne quand le préfet Erignac est assassiné. Mais c'est alors la police qui ne tarde pas à nous amuser, et le gouvernement envoie sur place le préfet Bonnet pour dérider l'atmosphère avec ses paillotes. On nous parle de la loi sur le littoral, de l'éventuel regroupement des prisonniers sur l'île, tout le monde fait des gaffes, ça nous apparaît comme un mistigri dont chaque gouvernement veut se débarrasser. Plus que du statut de la Corse, c'est celui des Corses qui est en jeu. Il ne s'agit plus de savoir si les nationalistes sont des bandits mais s'il faut les considérer comme des bandits. C'est un peu la même situation qu'avec Jacques Chirac pour qui ce sera la réélection ou le passage devant la justice: vaut-il mieux mettre les nationalistes en prison ou à la tête de l'île? Ça demande évidemment un moindre déploiement de forces de l'ordre de les flanquer au pouvoir. On évoque souvent la paresse des Corses mais ils profitent aussi de la nôtre.

Dans le Mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient, Freud raconte une histoire drôle qu'il dit juive mais qui, aujourd'hui, est évidemment corse: «Itzig a été enrôlé dans l'artillerie. C'est apparemment un garçon intelligent, mais indiscipliné et sans goût pour le service militaire. Un de ses supérieurs, bien disposé en sa faveur, le prend à part et lui dit: "Itzig, ta place n'est pas parmi nous. Je te donne un conseil: achète-toi un canon et établis-toi à ton propre