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Libération

Ce fameux «mais aussi»..

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publié le 10 novembre 2001 à 1h35

Passons sur les malentendus volontairement entretenus dans la réponse que me font Catherine Lévy et Alexandre Bilous. Je n'ai en aucun cas «prononcé des jugements définitifs sur les 113 intellectuels» signataires de la pétition (j'en connais certains, j'ai eu et j'ai encore avec eux des relations d'estime, et parfois d'amitié): j'ai seulement analysé un texte qui, lui, était en effet indifférent, glacé et dépourvu de toute compassion.

Mais ce sont les arguments développés par mes interlocuteurs qui sont le plus surprenants: on y retrouve toute l'ambiguïté de la pétition des 113 et toutes les rhétoriques d'évitement, de confusion et de déni des problèmes, usuelles dans nombre de discours politiques depuis les années 70.

La confusion, d'abord. Les deux auteurs nous rassurent (ouf!): oui, ils ont éprouvé eux aussi émotion, et compassion pour les morts de New York et de Washington. Mais ils s'empressent d'ajouter aussitôt que cette compassion est bien plus foisonnante et plus vaste, qu'elle s'adresse à toute victime de quelque oppression, exploitation ou violence que ce soit. Les victimes du 11 septembre? Mais aussi celles du colonialisme, des bombardements américains sur l'Irak, du machisme saoudien ou yéménite... ­ que l'on se rapporte à la liste qu'ils nous en proposent (et on pourrait en ajouter bien d'autres). En somme, New York-Bagdad-Kaboul même combat: les slogans ont la vie longue.

Ce «mais aussi», nous le connaissons bien: c'est celui que l'on a toujours opposé à la prise