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Libération

Pas benoîtement «pacifiste»

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par Catherine LEVY et Alexandre Bilous
publié le 10 novembre 2001 à 1h35
(mis à jour le 10 novembre 2001 à 1h35)

Liliane Kandel prononce des jugements définitifs sur les «113 intellectuels» qui ont osé dire que la guerre que mènent les Etats-Unis n'est pas la leur. Ils manifesteraient une «indifférence glacée», une «distance hautaine», une «absence radicale de compassion». Bref, ils refuseraient de «regarder en face la figure de l'adversaire et le danger mortel qu'il fait planer».

Désolés, c'est bien ce que nous croyons avoir fait en signant, comme d'autres, ce texte. Le reproche premier est superbe: nous nous sommes contentés de condamner sans ambiguïté le crime du 11 septembre. Or, «pour un lecteur qui n'aurait en main que cet unique texte, il serait difficile d'imaginer quel fut ce crime». Quel est donc ce lecteur-là, qui n'a pas vu les crashs passer en boucle sur son récepteur de télévision, qui n'a pas partagé l'émotion et la peine des proches des victimes des tours? Notre prise de position ne valait article d'information.

Il ne se voulait pas non plus simple reflet de notre compassion, c'est vrai. Car de la compassion, nous en avons. Pour les victimes des tours, pour les Palestiniens assassinés, pour les Israéliens victimes d'attentats aveugles, pour les Irakiens bombardés depuis plus de dix ans, pour les peuples colonisés, exploités, pour les femmes afghanes et pour les femmes saoudiennes ou yéménites, dont le sort relève du même scandale. C'est même la compassion qui nous fait bouger, agir, crier, du temps de nos premiers actes militants. Mais la compassion n'est pas une politiqu