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Libération
TRIBUNE

Dominique Strauss-Kahn, «Libération» et la justice

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publié le 15 novembre 2001 à 1h37

Il est devenu de bon ton, depuis que Dominique Strauss-Kahn et les cinq autres prévenus du premier procès de la Mutuelle nationale des étudiants de France (Mnef) ont bénéficié le 7 novembre dernier d'une relaxe, de stigmatiser le comportement de la presse. Utilisée sinon manipulée par certains juges d'instruction peu scrupuleux et partisans, elle entraverait les voies d'une justice sereine en «mettant en examen médiatiquement» tel ou tel bien avant qu'il n'ait officiellement à répondre de ses actes. Bref, à entendre certains commentateurs, pas mal d'avocats et surtout beaucoup d'hommes politiques de tous bords mais tous bons apôtres, la presse serait complice de juges enivrés de leurs nouveaux pouvoirs, en faisant battage des seuls éléments à charge d'un dossier à l'instruction pour persuader l'opinion publique, avant même une mise en examen, de la culpabilité d'un éventuel prévenu.

L'expression «mise en examen médiatique» résume bien ce procès qui nous est fait. Elle est de Marylise Lebranchu. La ministre de la Justice l'a utilisée au lendemain de la relaxe de Dominique Strauss-Kahn ajoutant même que dans cette affaire la «mise en examen médiatique» avait eu lieu «un an avant» la mise en examen judiciaire. Ce dernier détail a son importance, en tout cas pour nous. Il signifie en effet que la ministre de la Justice visait Libération. C'est en effet Libération, grâce au travail de son enquêtrice Armelle Thoraval, qui a, dès juillet 1998, «sorti», comme on dit dans notre jargon