La controverse arrive en France avec une chronologie inversée. L'Industrie de l'Holocauste (1), le livre à scandale de Norman G. Finkelstein, dénonçant «l'escroquerie» qui aurait été montée selon lui par les organisations juives mondiales s'agissant du dédommagement des spoliations durant la Seconde Guerre mondiale, a précédé celui de Peter Novick, l'Holocauste dans la vie américaine (2). L'ordre d'arrivée des traductions françaises prête à confusion, voire à l'amalgame. Pourtant, c'est bien Novick qui a eu le courage, en 1999, de briser le pieux consensus qui régnait sur le débat sur l'Holocauste aux Etats-Unis avec un livre d'une intégrité intellectuelle remarquable, et Finkelstein, l'année d'après, qui s'est confortablement installé dans son sillage avec un livre grand public, d'une portée intellectuelle somme toute limitée. S'il y a lieu, aujourd'hui, d'ouvrir le débat en France, c'est sur les propositions originales de Novick, plutôt que sur ses produits dérivés. Dans ce débat, il faut à tout prix éviter de mettre les deux ouvrages dans le même sac, car ce serait commettre une grave injustice envers Peter Novick.
La franchise avec laquelle Novick aborde la question de la place de l'Holocauste dans le débat public américain fait voler en éclats le conformisme selon lequel, sur ce thème-ci, la loyauté des gens bien-pensants est de mise et toute voix critique, un encouragement pour les antisémites et négationnistes de tous bords. Novick refuse de se laisser dicter les terme