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Libération

L'arbitrage de Jean-Marie Le Pen

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publié le 17 novembre 2001 à 1h39

L'élection présidentielle se jouera peut-être à une centaine de bulletins près : non pas ceux que les électeurs plient en deux pour les introduire dans l'enveloppe qu'ils glissent ensuite dans l'urne mais ceux que remplissent les parrains, ces élus dont les 500 signatures sont obligatoires pour qu'un candidat puisse concourir. Or Jean-Marie Le Pen, le champion délétère de l'extrême droite, n'est pas encore parvenu à rassembler ces 500 talismans. En 1981, il n'avait pas pu participer au scrutin, faute justement d'atteindre ce seuil obligatoire. Cette fois-ci, il mobilise le ban et l'arrière-ban de ses partisans afin de les réunir. Il n'est pas encore sûr d'y réussir. Le résultat de l'élection présidentielle peut en dépendre.

Si Jean-Marie Le Pen n'obtient pas les parrainages nécessaires, il déclenchera l'un de ces tintamarres assourdissants dont il a le secret. Il proclamera qu'on bâillonne quatre millions et demi de Français (le nombre de suffrages qu'il a obtenus en 1995 avec 15 % des voix), qu'on les exclut de la vie publique, qu'il s'agit d'un complot, d'un déni de justice. Il mettra violemment en accusation la droite classique, il improvisera une campagne théâtrale contre Jacques Chirac. Quoi qu'il fasse, son rôle deviendra cependant marginal. Une partie notable de ses électeurs virtuels s'abstiendra, peut-être la moitié, une autre fraction votera à gauche en signe de fureur.

Reste que, pour le second tour, Jacques Chirac ne pourrait qu'en être avantagé. Même si dans cette