Du Queens à Kaboul, entre terreur accrue et soulagement, cette semaine nous a fait vivre une vraie histoire de ouf (le mot veut aussi dire «fou» en verlan). Un avion d'American Airlines s'est encore écrasé sur New York, mais, très vite, on nous a expliqué qu'il s'agissait d'un accident. D'une manière surprenante, ça nous a rassurés. Pour les passagers de l'avion, ça ne change pourtant rien. Quelles que soient les causes du drame, aucun ne ressuscitera. Mais, avant de nous inquiéter correctement, il est important pour nous de savoir s'ils sont morts comme ci ou comme ça. Pourquoi ?
Compassion bien ordonnée commence par soi-même. La Bourse, qui ne plaisante pas avec ses intérêts, s'est écroulée quand on a cru qu'il s'agissait d'un attentat, pour remonter en flèche dès que la thèse de l'accident fut privilégiée. Le plus exaspérant aurait été que les terroristes marquent un nouveau point. Pendant un temps, on a eu peur qu'ils aient encore gagné. Mais si l'Airbus s'est contenté de ne pas résister aux vibrations de l'avion le précédant, événement dont New York n'aurait eu que par coïncidence la primeur dans l'histoire de l'aéronautique, nos ennemis n'ont pas de raison particulière de se réjouir. Cette fois-ci, personne n'a à sauter de joie, si des gens triomphent quand même ce sont des tricheurs de mauvaise foi. Ce n'est plus une humiliation qu'on nous inflige de l'extérieur : ça ressemble aux frappes amies durant la guerre du Golfe, il est curieusement moins humiliant pour un pays