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Libération

Sexe appel

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publié le 17 novembre 2001 à 1h39

Dans Kaboul «libéré», deux sortes d'images sont surcotées à la bourse des valeurs symboliques : la femme dévoilée et l'homme rasé, le tchadri et la barbe ayant été les deux signes les plus visibles de l'oppression des talibans. A la volée on aura aussi appris que ces supposés austères «étudiants en religion», ou tout du moins leurs chefs, roulaient en limousine et pétaient dans la soie, preuve de l'universalité du puritanisme religieux qui, quelles que soient les versions de Dieu, consiste à prôner des vertus dont soi-même on s'abstient. Si les visages d'Afghanes se font plutôt discrets, le féminisme des combattants musulmans de l'Alliance du Nord se cantonnant à quelques rares démonstrations médiatiques pour faire plaisir à CNN, par contre les hommes hilares et glabres se bousculent au portillon des objectifs. Sur une photo parue dans Libération le 15 novembre, on voit pourtant que ce sont des femmes qui agglutinent les mâles, mais en images, sur des vignettes représentant des stars du cinéma indien, grand pourvoyeur de romances roses dont on sait, licites ou sous le manteau, qu'elles font office de fantasmes dans tout le monde musulman. Comme tout le reste, les talibans les avaient prohibées. Et leur résurrection là-bas a tout l'air de faire autant d'effet que l'annonce ici d'un inédit de Tabatha Cash. On a la pornographie qu'on peut. Mais quelle que soit sa misère, cette image est par ailleurs riche en imagination. Il suffit de se glisser dans l'avenir du petit garçon qui