En apprenant lundi dernier (ou était-ce le précédent? Le précédent, plutôt... Cette semaine, c'était beaujolais nouveau) que les jurés du râtelier Goncourt t'avaient élu (1), je me suis dit que tu ne l'avais pas volé. Que tu ne l'avais pas volé à ton nouveau confrère Houellebecq «Michel H.», comme on dit dans les salons et comme tu dis (car tu as vite pris les tics et les plis du métier te voilà écrivain, mon salaud!). Cette idée qu'il a eue, aussi, de qualifier l'islam de «religion la plus con du monde», à un mois des Boeing du 11 septembre!... Alors, ton Goncourt comme un Nobel de la paix, pourquoi pas? Tu es French doctor, tu fais des romans, une actualité t'élit et les gens te lisent. Tu as gagné au loto, les coteries adverses s'en remettront (2), mais je trouve que tu aurais pu mieux gérer le truc. Ainsi, samedi, dans le Journal de la semaine que tu as donné à Libération, tu écris: «Mes amis de l'association Première urgence envoient une mission en Afghanistan et ce n'est pas l'envie qui me manque de les accompagner. Mais il faut être un peu sérieux: ils peuvent se débrouiller sans moi tandis que personne ne peut me remplacer pour le Goncourt.» Là, tu as déconné. Qu'est-ce qui t'empêchait de partir? Imagine: n'écoutant que ta conscience humanitaire, tu enfilais tes gros souliers de grande randonnée et, laissant là les vanités du monde et de Drouant, fonçais crapahuter vers la passe de Khyber. Un carton, mon vieux! Ton triomphe n'eût pas attendu six tours de scrutin
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