Le bilan terrifiant, hélas! encore provisoire, de la catastrophe humaine qui a suivi les pluies torrentielles en Algérie, a provoqué à juste titre la colère et la rage d'une population qui accuse l'Etat, à tout le moins d'incompétence et d'inefficacité. Ce malheur s'est abattu sur la frange la plus pauvre de la population, qui paye au prix fort un phénomène qui remonte à plusieurs années.
Dénoncée constamment par les démocrates algériens, l'inefficacité du système apparaît clairement dans l'évolution des dépenses publiques. La part affectée à la formation du capital, qui était de 44 % de la dépense totale en 1985, est tombée à 23 % en 1994, avant de chuter à 19 % en 1999! Ce recul sans précédent a évidemment affecté en premier les infrastructures économiques et sociales. Pour ne prendre que les dépenses allouées au développement urbain, l'un des secteurs concernés par la catastrophe, sa part est passée de 18 % du total des dépenses de capital (elles-mêmes en régression) en 1993 à 9 % en 1999. Pour ce qui concerne l'habitat, qui est au coeur même de la crise sociale et politique, l'amélioration certaine intervenue à partir de 1998 (23 % du total des dépenses de capital), est loin de compenser la longue période de vache maigre.
Cette inefficacité croissante de l'Etat contraste avec son caractère de plus en plus rentier. Le poids de la fiscalité pétrolière s'est en effet considérablement alourdi. Du côté des recettes, sa part est passée de 43 % en 1985, année précédant le contre-