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Libération

Au fait...

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publié le 23 novembre 2001 à 1h42

C'est vrai, ça. On ne se pose pas trop la question, mais c'est une bonne question: combien de morts, sous les bombes (tapis de) larguées sur les lignes de défense talibanes, autour de Kaboul, de Kunduz ou de Kandahar? Parce que toutes ces bombes, tels bistouris ou taupes monstrueuses, si sexy dans le descriptif de leurs caractéristiques techniques, il n'est pas concevable qu'elles ne fassent pas de morts. On ne parle pas là de victimes civiles des missiles échappés à leur programmation électronique pour frapper de ci, de là, une maison, un hôpital ou un dépôt de vivres de la Croix-Rouge, et alimenter bon gré mal gré la propagande adverse. On parle là de tonnes d'explosifs déchirant des concentrations de milliers d'hommes, avec du sang, de la peur, de la merde et tout... A l'ancienne, façon Grande guerre, ou comme dans les tranchées du désert irakien. En plus meurtrier, bien sûr. Le contraste est violent, entre ces cadavres supputés et ceux, indéniables, des victimes des Twins. Ils n'auront eu de commun que leur invisibilité, relative à New York ­ où le travail de deuil imposa que l'on fît des funérailles à des symboles ­, invisibilité totale dans les plaines afghanes, et qui confine à la négation. On conçoit bien que les talibans n'exhibent pas les charniers (que nul journaliste ne peut au demeurant attester) de leurs combattants: leurs images témoigneraient trop évidemment de leur défaite. On conçoit moins, en revanche, ce qui retient la plume des grands communicateurs de W