V oilà un livre servi par l'actualité. Et avec quels protagonistes! Un livre qui parle de l'Etat et du marché, quand George Bush, Alan Greenspan et à leur suite, la quasi-totalité des décideurs de la planète placent dorénavant leurs espoirs dans les leviers que l'Etat mobilisera pour soutenir la croissance. C'est qu'il ne fait pas bon afficher l'orthodoxie libérale depuis le 11 septembre.
Partout, les fonds publics, les aides et subventions en tous genres sont mis au service de plans coordonnés, visant à endiguer la récession. Utilisation des excédents budgétaires ici, baisse des taux d'intérêts là, mesures de soutien à secteurs sinistrés. Plus un mot, plus un raisonnement pour opposer l'Etat et le marché, pour affirmer que moins le premier se porte et mieux le second prospère. Les libéraux paraissent devenus keynésiens. C'est le «retour du politique». Le temps des vaches maigres et de la croissance flageolante, voilà Reagan, Thatcher ou Hayek rangés au placard. L'économie a besoin de l'Etat. La main invisible dont on affuble classiquement le marché se fait quémandeuse, elle sollicite la volonté publique, quand elle n'en vient pas à souhaiter le plan et la régulation. L'attentat new-yorkais aura remisé provisoirement tout le discours néolibéral aux oubliettes de l'histoire.
Le livre de Michel Henochsberg ne pouvait mieux tomber. D'autant mieux que, sur l'autre versant aussi, les idées évoluent. A gauche, notamment dans ce que l'on pourrait appeler l'école du «socialisme réel»,