La décision prise, et appliquée par plusieurs associations, de détruire systématiquement les plantations d'organismes génétiquement modifiés (OGM) a donné un nouveau tour au débat sur les OGM. Non seulement parce que les opposants revendiquent ainsi au grand jour une forme avérée de violence, mais surtout parce que les parcelles détruites sont qualifiées d'«essais» à but scientifique. Il s'agirait alors d'un crime de lèse-science, commis par de «nouveaux vandales» que dénoncent François Ewald et Dominique Lecourt (le Monde, 4 septembre). Il semble qu'après avoir longtemps pataugé dans l'expertise sanitaire (les OGM sont-ils dangereux pour la santé?), le débat aborde enfin le fond: les procédures de dissémination des OGM sont-elles conformes aux règles scientifiques, d'une part, et aux règles démocratiques, d'autre part.
Comment reconnaître «la science» dans des essais dont le but est de savoir si le hasard a bien fait les choses en conférant les qualités espérées à des végétaux bricolés, c'est-à-dire des essais qui se limitent à évaluer des qualités commerciales? En effet, il ne s'agit pas de mieux comprendre des phénomènes moléculaires ou environnementaux pour apporter une pierre à la connaissance mais seulement d'établir le niveau de performance et/ou de nuisance de ces végétaux, afin de leur conférer un éventuel label pour l'usage industriel. Même au prix de cette confusion entre science et évaluation, qu'espère-t-on conclure de tels saupoudrages expérimentaux alors que le