A trois jours de distance, deux événements de nature très différente ont jeté une lumière crue sur le devenir possible du genre humain. Le 25 novembre, la société américaine Advanced Cell Technology (ACT) annonce à grand renfort de publicité avoir cloné le premier embryon humain. Le 28 novembre, la Cour de cassation française confirme qu'un enfant né handicapé à la suite d'une erreur de diagnostic médical est en droit d'obtenir pleine réparation pour lui-même.
Ce faisant, la haute juridiction confirme le désormais célèbre arrêt Perruche du 17 novembre 2000 établissant une «action de vie dommageable». De nouveau, la Cour de cassation n'a pas suivi les conclusions pourtant lumineuses de l'avocat général Jerry Sainte-Rose (1). Soulignons que le débat ne porte évidemment pas sur le droit des parents, victimes d'une négligence médicale qui les a empêchés d'envisager un avortement, d'être indemnisés. La question est de savoir si un enfant né handicapé peut lui-même agir en justice en arguant du préjudice d'être venu au monde. «Une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie», assurait André Malraux. Une vie handicapée ne vaut pas d'être vécue, et la société doit réparation à la personne qui subit ce sort que la science aurait pu lui épargner en l'empêchant de naître, réplique la Cour de cassation.
Rappelons rapidement les faits. Le 7 janvier 1995, une femme met au monde un garçon atteint de trisomie 21. Comme certains examens médicaux avaient laissé craindre un risque de trisomie sa