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Libération
TRIBUNE

La culture n'est pas une marchandise

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publié le 28 décembre 2001 à 2h05

Jean-Marie Messier a du culot. Mais il en a les moyens. Après avoir bénéficié durant des années des privilèges attribués à Canal Plus en échange de son apport au cinéma français, voilà qu'il lance un appel depuis New York contre l'exception culturelle et le soi-disant archaïsme de la protection du cinéma européen et français. Ces propos, qui ont scandalisé à juste titre le monde de la culture et de l'audiovisuel, ne sont pas étonnants venant d'un homme qui, au cabinet de Balladur, a organisé la privatisation puis a transformé son groupe en un conglomérat audiovisuel hollywoodien. Ces déclarations sont le produit direct de la fusion Vivendi-Seagram et de l'absorption de Canal Plus par ce nouveau géant mondial. Les risques d'une dérive américaine de cette multinationale étaient perceptibles dès le début de cette aventure.

Cette déclaration montre clairement que la politique historique de Canal Plus en faveur du cinéma, politique appuyée sur une réglementation, est aujourd'hui en péril. Cette réglementation est toujours en vigueur et elle est encore du ressort du législateur, dont le pouvoir politique en est le garant. Nous souhaitons que Catherine Tasca la fasse respecter. Ce principe de précaution appliqué au cinéma français passe en premier lieu par la remise en cause de la concession de Canal Plus par le CSA si les déclarations du patron de Vivendi devaient se traduire dans les faits.

Rien n'est recevable dans le message de Jean-Marie Messier. Ce nouveau magnat des studios d'