Camarade docteur, vous n’êtes pas habitués à ce qu’on vous donne du «camarade», cher docteur. C’est pourtant ainsi que les salariés en grève s’interpellent. Sur le terre-plein des Chantiers de Saint-Nazaire, ville où j’ai vécu plus de trente ans, ça sonne moins ridicule qu’ici, dans la haute vallée de l’Adour, dans les Hautes-Pyrénées, ma résidence secondaire devenue principale.
Contre quel patron êtes-vous donc en grève, camarade médecin, puisque vous n'êtes salarié de personne? Les salariés, quand ils débrayent, font perdre de l'argent à leur employeur privé ou public, c'est un bras de fer à qui cédera le premier. A Saint-Nazaire, ça a parfois duré plusieurs semaines, la population défilait dans la rue pour soutenir les grévistes, les paysans venaient apporter de la nourriture, car financièrement c'était dur. Parfois, ils gagnaient, en 1953, ils ont même obtenu 22 % d'augmentation, parfois, ils perdaient, et alors pendant des mois et des mois c'était encore plus dur.
A qui demandez-vous des augmentations? A l'Etat! Comme vos collègues des cliniques privées qui demandent à cet Etat maudit une rallonge pour payer leurs infirmières, alors qu'eux non seulement gagnent beaucoup plus que les médecins hospitaliers mais de plus sont généralement actionnaires de leurs cliniques. Qu'ils gèrent donc mieux leurs cliniques pour payer convenablement leurs infirmières ou qu'ils entrent, et vous avec, dans le service public. On ne peut avoir le beurre et l'argent du beurre.
Ce matin, au taba