Péremptoire il fut, péremptoire il demeure. Arrivé au ministère de l'Education nationale en 1997, Claude Allègre avait déclaré la guerre aux syndicats à grands coups de menton et de déclarations hautaines. Redevenu simple citoyen, il s'est mis à écrire sans tempérer son caractère. Au fil des pages, il continue de juger de tout, il assène ce qu'il appelle un peu pompeusement ses «vérités», il engueule presque son lecteur. Il y a un an, son premier livre d'entretiens avec Laurent Joffrin, Toute vérité est bonne à dire, avait enregistré des records de vente. Allègre vient de remettre cela. Toujours aussi pète-sec.
Alors, il faut savoir passer au-delà de la pre mière impression. Ce «parler raide» avait perdu le ministre; il est la force de l'auteur. Au moment où ministres ou anciens ministres publient de vagues récits écrits en gros caractères, puis s'en vont répéter en boucle leurs anecdotes à la télévision, Allègre écrit parce que les idées bouillonnent en lui. C'est comme une lave sous le volcan, il faut que ça sorte. Et ça sort. Ça crache. De l'organisation de la recherche mari time à la police en passant par la justice et le commerce mondial, il se délecte à décrire les rouages de l'administration, à en déceler les grains de sable, à présenter ses solutions. Chez Allègre, la réforme administrative est un hobby, un besoin compulsif, une passion. L'ensemble est parfois brouillon, mais ne manque jamais de finesse, en particulier sur la fiscalité, sujet qui suscite habituellemen