Au fil des ans, «le nombre de pages augmente et ce n'est pas bon signe», assure le chercheur Arnaud de La Grange, l'un des deux maîtres d'oeuvre de Mondes rebelles. Ce fort ouvrage (1 677 pages!), qui en est à sa troisième édition, est en effet une encyclopédie des «violences politiques» et des guerres civiles. Guérillas, milices, groupes terroristes, le monde que décrivent la vingtaine de spécialistes mis à contribution est franchement sinistre.
«Vu des rives du Potomac ou de la Seine, les "guerres des pauvres" qui perduraient depuis 1991 ne pouvaient relever que de la barbarie ou du grand banditisme, affirment les deux auteurs, et l'on s'aperçoit que ces guerres répondaient le plus souvent à des logiques politiques et économiques, criminelles certes, mais terriblement rationnelles.» C'est cette violence qu'ils décrivent et expliquent, pays par pays, selon une méthode désormais éprouvée.
Le chapitre Afghanistan sera bien sûr l'un des plus consultés. En 39 pages, tout ce qu'il faut savoir est là pour comprendre le pays. Sont ainsi décrites les sept batailles de Kaboul, qui ensanglantent la capitale de juillet 1992 à décembre 1995 lorsque les «bandes armées» de Massoud, Dostom ou Hekmatyar s'affrontent jusqu'à l'entrée en scène des talibans. Le poids de la drogue dans le conflit, l'implication des puissances extérieures ou la biographie de Massoud et de Ben Laden font l'objet de développements.
D'autres chapitres pourraient trouver rapidement une actualité. Ainsi de la Somalie,