Le premier tour de l'élection présidentielle a lieu dans exactement cent jours. Pour la première fois depuis que le chef de l'Etat est désigné par les Français au suffrage universel direct, aucun favori ne se dégage encore, réel ou même factice, lièvre ou tortue. Si l'hypothèse d'un troisième homme s'éloigne ni Jean-Pierre Chevènement ni Jean-Marie Le Pen ne paraissant en situation de participer au second tour , Jacques Chirac et Lionel Jospin demeurent au coude à coude, inextricablement enchevêtrés par des sondages contradictoires. Aucun des deux n'a fait le trou, aucun des deux n'est donc lâché. La seule nouveauté est que désormais les variables qui détermineront le choix des électeurs sont clairement identifiées.
La première tient au niveau des abstentions. Actuellement, si l'on y ajoute les intentions de vote blanc ou nul, elles rassemblent encore en chiffres ronds 40 % des voix. Ce niveau va évidemment diminuer, mais, techniquement, personne n'a le moyen de prévoir dans quelle proportion et au bénéfice de qui. Viennent ensuite les fameuses 500 signatures d'élus dont a besoin Jean-Marie Le Pen pour concourir. Nul ne sait s'il les a réunies ou non. S'il participe, c'est un handicap pour Jacques Chirac, s'il ne le peut pas, c'est une polémique gigantesque qui éclate puisque le préalable des 500 signatures est fait pour écarter les candidatures fantaisistes et non pas celles qui sont susceptibles d'attirer (malheureusement) plusieurs millions de voix. La stratégie de Jacq