Menu
Libération

L'accident du bretzel

Article réservé aux abonnés
publié le 16 janvier 2002 à 21h41

Donc, il faudrait imaginer cela, que des porteurs de parole autorisés rapportent : à peine achevé son Blietzkrieg afghan et déjà mobilisé par de prochaines échéances électorales, George W. Bush est vautré sur son canapé. Le président est las. Devant sa télé, il paye son écot à l'humaine condition en regardant un match de foot et bouffant des bretzels; le flux et le reflux des équipes casquées des Ravens de Baltimore et des Dolphins de Miami le berce. C'est un dimanche soir à la Maison Blanche et jusqu'ici, tout va bien. Le film s'emballe à 22h35, quand survient cet incident qui passera à la postérité sous le nom de malaise du bretzel, dont le monde aura à connaître le lendemain lorsqu'il s'agira de l'éclairer, le monde, à propos de cette forcément spectaculaire plaie à la pommette de l'homme qui préside aux destinées de l'empire. Pour ce faire, la Maison Blanche évoquera un «malaise vagal» (du nom du nerf vague), autrement dit une brève syncope ayant fait choir W. Entre canapé et moquette ­ou tapis, on ne sait trop­, ses lunettes auraient rencontré une table basse passant par là. D'où la plaie. Après le bretzel, l'explication passe mal. Nous autre, à qui, pourtant, notre maman aussi recommanda de bien mâcher avant de déglutir, avons en notre jeune temps «avalé de travers», et sur ce point, notre expérience autant que la Faculté, sollicitée, nous laissent sceptique. Malaise vagal, peut-être, mais 1) soit, sous l'effet d'une toux réflexe, le bretzel est expulsé; 2) soit le suj