Je m'appelle Worougbele Aliou et je suis béninois. Pendant mon enfance à Cotonou, j'ai rêvé, en voyant les avions de la Sabena décoller, qu'un jour je viendrais en France. J'ai 30 ans, mon rêve vient de se réaliser. Il m'a fallu beaucoup travailler pour payer le billet: quand on gagne 500 francs par mois... Et puis, il m'a fallu beaucoup de patience, parce que, quand on est africain, obtenir un visa de tourisme pour la France reste un exploit: il faut montrer patte blanche, et quand on est noir...
Le 10 septembre 2001, j'ai atterri à Toulouse où des amis français m'ont accueilli. Mon retour devait avoir lieu le 7 novembre 2001. Je me suis présenté à l'aéroport pour embarquer, mais, ce jour-là, la compagnie Sabena faisait faillite. On m'a demandé de patienter plusieurs jours, je me suis présenté plusieurs fois... jusqu'à ce que les bureaux de la Sabena disparaissent.
J'ai téléphoné en Belgique, au siège de la compagnie, mais il n'y avait que des répondeurs. J'ai alors contacté la DAT (censée reprendre Sabena) où il m'a été dit que seuls les vols sur l'Europe étaient repris. Et enfin, j'ai écrit à l'organisme liquidateur de la Sabena pour obtenir un remboursement de mon billet retour mais toujours aucune réponse.
J'ai essayé de trouver un billet sur d'autres compagnies mais les tarifs pour un retour simple sont bien plus élevés qu'un aller-retour (environ 8000 F). Je n'avais pas cet argent. Mon visa étant périmé, j'étais devenu un clandestin, sans recours pour regagner mon pays (