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Libération

La mémoire longue

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publié le 17 janvier 2002 à 21h42

Sur le métier du «devoir de mémoire», sans cesse remettre son ouvrage. Las! le temps perdu ne s'y rattrape guère; avec la guerre d'Algérie, il y en a encore pour toute une vie, pour toute une génération. Il aura fallu trente années pour se retrouver un peu plus d'un millier à manifester, du canal Saint-Martin jusqu'au Grand Rex par les Grands Boulevards, afin que les massacrés d'octobre 1961 ne soient pas noyés dans l'oubli comme ils le furent dans la Seine par les sbires de Papon. Il en fallut dix pour que soit autorisée la diffusion, en France, de la Torture dans la République, que Pierre Vidal-Naquet publia en 1972. Il aura fallu attendre 1999 pour que le Parlement reconnaisse que les «événements d'Algérie», c'était bien une guerre, et plus encore pour que (oh! très timidement) s'entrouvrent ses archives... Enfin s'assume le crime d'Etat que constitua l'abandon des harkis, enfin se jugent les Paul Aussaresses. Mais ce que font les manifestations officielles et une plaque scellée sur le pont Saint-Michel, ce que prétendit naïvement faire un match de football pour «réconcilier» des peuples, la diplomatie et l'opportunisme électoral le défont, lorsque Chirac et Chevènement ­ le premier en héritier présumé présomptif d'un général, le second en général Boulanger ­ vont oindre Bouteflika à seule fin de se faire acclamer à Bab el-Oued. Mardi, Jean-Marc Ayrault, qui préside le groupe socialiste à l'Assemblée, a estimé nécessaire une majorité

des deux tiers pour seulement donner un