Enfin, a-t-on envie de soupirer... Enfin, un livre d'histoire sur les pieds-noirs d'Algérie. Enfin, un ouvrage qui les prend au sérieux, tant ils ont été décriés, caricaturés, et se sont caricaturés eux-mêmes. Certes, ceux-là ont écrit, en abondance, autobiographies, mémoires et autres récits empreints d'une nostalgie souvent poignante. Le cinéma les a fait participer au concert national et le rire est une bonne thérapie. Un Enrico Macias (1) appartient de plain-pied à la scène française. Mais tout cela ne façonne pas une histoire à laquelle ils ont droit désormais, maintenant que quarante ans se sont écoulés depuis le grand départ (exil, rapatriement, déchirure, chacun a son mot, sa blessure là-dessus).
Jeannine Verdès-Leroux est une historienne de premier plan; on connaît son travail sur les intellectuels et le Parti communiste (Au service du parti, le réveil des somnambules), sur l'intelligentsia et la révolution cubaine (La Lune et le Caudillo), sur écrivains et politiques de l'extrême droite de l'entre-deux-guerres à la Libération (Refus et violences). C'est dire qu'elle a considéré son nouvel objet d'étude digne d'être traité avec honnêteté. Ce fut la publication en 1994 du Premier Homme de Camus qui l'incita à balayer l'écheveau des clichés et des jugements hâtifs (Tous gros colons? Eh non! Quant à l'anisette et la merguez...), et à se poser cette «simple» question: qui sont les Français d'Algérie?
Elle a lu beaucoup (parfois trop, reconnaît-elle); elle a écouté, long