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Libération

Tout ce travail pour 17,53 euros, c'est ahurissant

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publié le 19 janvier 2002 à 21h44

Au-delà des revendications tarifaires, il y a le désarroi du médecin généraliste. Que la rémunération de l'acte médical curatif, consultation ou visite, soit insuffisante, c'est évident pour tout le monde, patients et médecins. Recevoir (ou rendre visite) à quelqu'un pour écouter sa plainte, l'examiner, réfléchir et proposer un traitement, puis l'expliquer... pour 17,53 euros, c'est ahurissant. Cet acte doit être revalorisé.

Mais il n'y a pas que cela dans la vie du médecin généraliste! Beaucoup d'autres aspects ne sont pas connus, encore moins reconnus et rémunérés! Et certaines incohérences doivent être dénoncées, et on doit y remédier, car elles contribuent au désarroi et à la lassitude du médecin généraliste.

Moi, j'exerce seule, en cabinet, dans une ville de province de 80 000 habitants, en centre-ville. Ce matin, c'est à 7 h 40 que le téléphone a sonné: «Docteur? J'ai un rhume depuis trois jours, ce matin, j'ai 38 de fièvre, et comme je suis sujette à la bronchite, je voudrais que vous veniez...» C'est Suzanne, 93 ans, et comme, effectivement, elle a une fibrose pulmonaire, je ne peux que répondre favorablement à sa demande; pourtant, la matinée prévue est déjà bien chargée...

Quelques visites, et, deux heures plus tard, je suis de retour au cabinet. Le premier patient est Sylvain, en traitement depuis peu pour une toxicomanie à l'héroïne, il se plaint, pas d'allant, un gros nuage noir qui pèse sur lui la plupart du temps, seules quelques éclaircies trop rares... Il a env