Menu
Libération

Brève de compteur ou conte de la modernité

Article réservé aux abonnés
par
publié le 22 janvier 2002 à 21h46

On n'arrête pas le progrès du cheminement de la servitude volontaire (1), ni le cortège de ses innovations.

La Fédération française de football (FFF), la Ligue nationale de football (LNF) et les arbitres ont imaginé que ces derniers pourraient être affublés, à compter du 19 janvier, de marques publicitaires ostensibles (2).

L'identité de l'essence et de l'existence de l'arbitre serait alors réalisée par le biais de la superbe ruse de la raison marchande redonnant à l'homme en noir, enfin, son caractère arbitraire.

Ne peut-on alors proposer, très sérieusement, au ministère de l'Education nationale, que les professeurs d'université et du secondaire, et au ministère de la Justice que les magistrats, puissent à leur tour renforcer leur autorité du sérieux d'un produit adapté à leur fonction et dont la marque ornerait fièrement leurs plastrons (une marque de lessive lavant plus blanc que blanc, par exemple) ? Une telle mesure permettrait, en outre, de payer moins cher ces fonctionnaires qui verraient ces pertes d'émoluments largement compensées par des rentrées publicitaires.

Nous ne doutons pas que de telles améliorations, d'une subtilité dialectique rare, puissent dynamiser des services publics qui n'ont pourtant qu'à s'inspirer du modèle sportif pour s'engager dans des réformes audacieuses et à l'issue certaine. Comment ne pas comprendre, en effet, la finesse communicationnelle qui propose aux arbitres ­ si souvent pris pour cibles, et dont on nous dit que les vocations, et pour c