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Libération

Terrorisme du volcan

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publié le 22 janvier 2002 à 21h46

Pour donner du sens aux mots lourds, comme «nouvel ordre mondial», «conscience internationale», ou «Organisation des Nations unies», rien de tel qu'une bonne vieille catastrophe humanitaro-naturelle, genre éruption volcanique avec tremblement de terre et tout le tintouin. Comme dans la République démocratique du Congo, où le réveil du volcan Nyragongo a partiellement vitrifié Goma, la capitale du Kiwu, et jeté dehors des centaines de milliers de misérables accablés, entre torrents de lave et sursauts de guerre civile. Ces sombres hères passent, fantomatiques, dans le JT de nos consciences occupées ailleurs. Tiens, ils ne sont pas déjà tous morts, ceux-là? Le Congo (ex-Zaïre), le Rwanda, les Hutus, les Tutsis, tout ça, comme c'est loin, dans le temps et dans l'espace... Pour soulever nos paupières moroses, il faut des détails brûlants ­ gamins courant pieds nus sur le magma encore fumant, tels de pittoresques fakirs, ou réfugiés se vidant dans leurs diarrhées après s'être nourris de poissons crevés au court-bouillon toxique du lac Kiwu. Heureusement, pour l'aide aux sinistrés du Congo, il reste un peu de compassion et quelques chéquiers que les banquiers du monde civilisé n'ont pas emportés à Tokyo, où la reconstruction de l'Afghanistan fait conférence. C'est à l'aune des centaines de millions de dollars que le seul Japon s'apprête à y investir qu'il faut ainsi apprécier le montant des enveloppes occidentales à destination de Goma. Celle de l'UE s'élèvera royalement à cinq mi