L'Assemblée nationale a voté, mardi, la proposition de loi «reconnaissant le 19 mars comme journée nationale du souvenir, à la mémoire des victimes des combats en Afrique du Nord». Même adoptée après un débat frileux, houleux et anachronique par les députés, elle ne sera cependant pas examinée au Sénat: «enterrée», comme on dit. Le 19 mars 1962, date des accords d'Evian et du cessez-le-feu en Algérie, réunit symboliquement la fin de l'empire colonial français et toutes les victimes de cette histoire qui résonne en Afrique occidentale, dans la péninsule indochinoise et jusque dans les régions ultramarines de la France contemporaine. Le temps est pourtant venu de mettre un terme à une ère coloniale inaugurée en 1830, sur une plage de Sidi-Ferruch et qui perdure.
Clore cette ère aurait permis de reprendre, le fil des récits étouffés là où il fut interrompu, de panser les blessures béantes, les humiliations persistantes et de dénoncer les mensonges d'Etat, des deux côtés de la Méditerranée. Qu'importe la signification étriquée que lui ont attribuée les orateurs, rien nous empêche «d'avoir un rêve», celui que les héritiers de cette histoire attendent. Pas d'énième commémoration affectée, assumons collectivement un passé encore trop morcelé. Des citoyens peuvent faire ce que les députés n'ont pas voulu: introduire l'histoire de la guerre d'Algérie, comme les autres guerres de cette même matrice libératrice, dans l'histoire de tous les Français, qu'ils soient nés ici ou venus des co