Nous avons charrié avec le siècle un cortège de problèmes éternellement non réglés; l'impression se développe que rien ne se résout, que tout est paralysé.
L'une des conséquences, indirecte mais extrêmement préoccupante, de cette inertie est le développement de l'abstention: comme si une sorte de fatalité ou de sortilège jalonnait le cursus démocratique, le vote deviendrait ainsi sans objet. L'abstention est aujourd'hui un mépris, une violence, un refus froid, exprimés par certains de nos concitoyens que l'impuissance publique rend agressifs.
Cette inertie, cette incapacité, résultent peut-être principalement d'une absence de règles intelligibles par chacun, de principes qui éclairent et régissent le comportement de l'individu, la vie de la cité, l'ambition de la nation. Nous devons aujourd'hui définir à nouveau une vraie règle du jeu, c'est-à- dire une ligne jaune à ne pas franchir, mais également une barrière à sauter, un horizon à atteindre.
Ayons le courage d'affirmer que le dépassement de soi, la dynamique de l'action individuelle et de la responsabilité sont nécessaires. Arrêtons de nous en remettre exclusivement au système. Impliquons-nous!
Et si, au fond, nous devions savoir nous libérer de la révolution de 68, de certains de ses concepts, tout simplement parce qu'ils ne rendent plus service à personne? Ils égarent le citoyen, écartelé entre d'un côté l'apologie exclusive du «moi», la libération totale et la légitimation de toute pulsion, et, de l'autre, la négation de t