Biographies, récits, essais: depuis six mois, les ouvrages s'accumulent et Lionel Jospin n'en finit pas d'être ausculté. Ausculté et aussi, naturellement, soupçonné un livre politique naît souvent d'un soupçon. A la rentrée dernière, on le suspecte d'être resté, par ses réflexes et sa charpente intellectuelle, le trotskiste qu'il avait nié être. Un peu plus tard, des récits journalistiques ou fictifs le posaient en compétiteur obsédé d'en découdre avec son rival élyséen. En ce début d'année, à travers deux nouveaux ouvrages, c'est un autre grief qui se fait jour: et si Lionel Jospin, dont personne ne nie l'art de gérer, était, au fond, incapable d'audace? Et s'il était voué à n'être qu'un perpétuel Premier ministre?
Les deux documents ne sont pas de la même nature. Le Monsieur Ni-Ni est une charge de la politique économique de Lionel Jospin et s'assume comme tel. Tout en soulignant les réformes mises en oeuvre par le gouvernement, il dévoile une permanence du discours et des arbitrages jospiniens: le ni-ni (ni privatisation, ni statu quo; ni mondialisation, ni étatisation; ni rigorisme, ni laxisme...). Un principe d'équilibre supposé préserver de tous les excès, et qui n'est pas sans rappeler ces synthèses de congrès du PS dont Jospin fut longtemps l'expert.
Or, à trop soupeser la moindre mesure au trébuchet des équilibres politiques, Lionel Jospin aurait commis une double faute. Lorsqu'il a réformé, ce fut souvent honteusement, sans pédagogie. Et, trop souvent, à la premièr