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Libération

L'avenir de la Russie

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publié le 28 janvier 2002 à 21h50

Il y a deux façons de devenir (très) riche. Produire beaucoup, ou voler beaucoup. Depuis le début de la transition jusqu'à la fin des années 1990, la deuxième méthode était de loin la plus efficace en Russie, et la plus répandue. Le programme de privatisation était ­ et ses auteurs ne s'en cachaient pas ­ un programme de pillage légal, une distribution des actifs de l'Empire soviétique aux plus puissants. Mais (et ça, les réformateurs ne l'avaient pas prévu) la privatisation ne fut qu'un prélude à un pillage généralisé. Maintenant qu'ils possédaient les entreprises, pourquoi payer des impôts? Pourquoi payer les dettes? Pourquoi respecter les contrats avec les investisseurs assez fous pour mettre de l'argent? L'opacité des transactions, l'extraction de rentes, le vol organisé, devinrent un grand art en Russie dans les années 1990.

Dans cet environnement, qui avait intérêt à réformer les institutions? Pas les entreprises. Quel est l'intérêt de réformer le système d'imposition si on ne veut pas payer d'impôts? Pas les gouverneurs locaux, à la fois otages et complices, qui se mirent au service des entreprises locales, les aidant à gruger leurs ouvriers, leurs créditeurs et le pouvoir central. Et pas le pouvoir central, où Eltsine jouait principalement le rôle d'oligarque en chef.

Heureusement, les mauvaises choses ont toutes une fin. A la fin des années 1990, il n'y avait plus grand-chose à voler. Toutes les ressources étaient maintenant dans les mains des oligarques. L'Etat n'ava