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Libération
TRIBUNE

Clarifier le débat public sur l'insécurité

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publié le 30 janvier 2002 à 21h51

Polémiques autour des lois sur la sécurité quotidienne et sur la présomption d'innocence, manifestations bruyantes des policiers et des gendarmes, publication de plus en plus fréquente de statistiques policières, omniprésence du thème de «la violence» dans les médias... Le débat public est aujourd'hui saturé par les préoccupations sécuritaires. A force de prédire que les questions liées à la sécurité seraient au coeur de la campagne électorale, la chose est arrivée. Bel exemple d'autoréalisation des prophéties! Face à une fréquente amnésie collective, il faut pourtant rappeler que le débat n'est pas nouveau et que les enjeux sociaux qu'il dissimule ne le sont pas non plus.

C'est au cours des vingt dernières années que la délinquance des jeunes est devenue un objet central du débat public, au point même de supplanter depuis peu la question du chômage. En effet, les années 1990 ont été marquées par l'amplification et le durcissement continu des discours sur la sécurité à travers notamment l'imposition de catégories «fourre-tout» telles que «violences urbaines», «sécurité intérieure», «incivilités», puis tout simplement «violence». Pourquoi cette évolution? A en croire nombre de commentateurs ­ à commencer par la plupart des hommes politiques, mais aussi beaucoup de journalistes ­, la montée de cette préoccupation publique serait la prise en compte simple et légitime de l'aggravation du sentiment d'insécurité des citoyens, et ce sentiment serait à son tour la traduction directe