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Libération
Critique

Désolation de la politique française

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publié le 30 janvier 2002 à 21h51

Du vent. Rien que des intérêts personnels, juste des histoires de boutiquiers, de luttes fratricides. Voilà à quoi se résument les cinq dernières années de la vie politique française à en croire les auteurs de Jospin et Cie et ceux de Nous nous sommes tant haïs. Le premier ouvrage raconte les tractations qui ont conduit à la refondation de la gauche et la création de la majorité plurielle. Le second narre l'inexorable décomposition d'une droite postdissolution. C'est, au fond, la même histoire qu'ils mettent en scène. Celle d'une classe politique qui lutte pour le pouvoir en oubliant d'avoir des idées. Ces livres décrivent le même roman de la désolation de la politique française.

Dans l'un comme dans l'autre cas, les choses se nouent souvent lors de déjeuners ou de dîners. La gauche plurielle naît ainsi, durant l'année 1993, dans un des salons «tristes et feutrés» du Bistrot de Paris. Lionel Jospin n'est alors qu'un convive parmi d'autres socialistes, communis tes, chevènementistes, radicaux et écologistes. Le vrai patron se nomme Jean-Christophe Cambadélis, mécano de la future majorité et vedette du livre d'Amar et Chemin. Les agapes se concluent, provi soirement, le 8 janvier 1994, par un appel de 746 personnalités à «transformer la société». Vaste programme, qui tient dans une coquille vide, n'inquiète personne, mais a l'immense avantage de rassembler tout le monde dans le «camp du progrès». Ce jour-là, notent les journalistes de BFM et du Monde, débute la campagne de Josp