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Libération
TRIBUNE

Enron: la faillite de la confiance

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par Marie CUILLERAI
publié le 5 février 2002 à 21h59

Moins de dix ans après «l'affaire Barring», l'une des plus vieilles banques de la City, le scandale d'Enron expose Wall Street aux tragédies classiques des affaires. Corruption, élites déloyales, comptables marrons? Avant que ne soient avérées les raisons de cette faillite exemplaire, on parle dysfonctionnements du système. Hypocrisie sémantique? C'est que le drame se noue dans le haut lieu de cette communauté financière, par tradition jalouse de sa réputation. Réputation, tel est le maître mot du capitalisme financier qui prospère sur la vague de la mondialisation. Car, qu'on le veuille ou non, la réputation est effectivement l'enjeu d'une production cruciale pour le fonctionnement du système dans son ensemble. Entre le courtier en énergie Enron et le cabinet d'audit Andersen, l'un des premiers du monde, il ne s'agit pas seulement de la dérive d'un comptable habilité à certifier les comptes d'une entreprise pour laquelle la loi l'autorise à dispenser, sous une autre casquette, des prestations de conseil très grassement payées. Le scandale Enron et Andersen révèle l'importance déterminante de la confiance au coeur du fonctionnement financier.

C'est en effet sur la base de la réputation de chacun des acteurs de ce drame que la société Enron a pu jouir de la confiance aveugle de ses partenaires. On peut départager ceux-ci en deux catégories, les initiés et les néophytes. Ces derniers sont faciles à désigner: il s'agit des petits porteurs, mais la liste des autres est plus longu