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Libération
TRIBUNE

Les juges de pierre de Hammami

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par Taoufik Ben Brik
publié le 7 février 2002 à 22h03

Tunis City, le matin du 2 février, au coin de la rue Bet Bnet. Klaxon, lumières orange tournoyantes, une quatre-chevaux s'arrête pile devant le palais de Justice. La conductrice court ouvrir la portière arrière et fait sortir l'homme le plus recherché de Tunisie: Hamma Hammami. Son portrait, à l'instar des malfrats, orne les murs des commissariats du pays. En août 1999, il a été condamné, par contumace, à neuf ans et trois mois de prison, pour «soutien d'une association non reconnue», le Parti ouvrier communiste tunisien. Le 27 février 1998, il quitte son domicile pour la clandestinité. Un commando des services spéciaux s'apprêtait à le kidnapper.

Quatre années après, il refait surface pour faire opposition à sa condamnation par défaut. Coup de théâtre: Hamma franchit le portail sous le regard hargneux des policiers qu'une barrière invisible semble retenir. C'est la fête. Dans la rue, des voix s'écrient: «Il est rentré», comme du haut des montagnes basques, ce cri est repris en écho: «Il est rentré». Il y a là tout un peuple de militants, de parents, de barbus, de rouges, et de chiffes molles..Jusqu'à Ousseïma, la petite de Hamma, qui pleure.. Chacun veut embrasser le desparido , toucher ce chef de bande qui a nargué la police quatre années durant. Jusqu'à midi, on se croirait à un mariage. En entrant dans la salle d'audience de la sixième chambre du tribunal de première instance de Tunis, Hamma trouve en face de lui, non pas un juge, mais une trentaine de policiers en unifor