La petite Belgique n'en finit plus de faire courageusement son examen de conscience: après avoir présenté ses excuses aux autorités rwandaises pour son attitude lors du génocide de 1994, elle vient tout bonnement de s'excuser, cette fois-ci, auprès du peuple congolais, pour le rôle qu'elle a joué dans la mort, en 1961, du Premier ministre congolais Patrice Emery Lumumba. Aujourd'hui, c'est-à-dire quarante et un ans plus tard, le ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel, vient publiquement de présenter aux Congolais et à la famille de Lumumba les «excuses» de son pays et ses «profonds et sincères regrets pour la douleur qui leur a été infligée». Ce mea-culpa n'est pas le fruit du hasard, mais l'aboutissement d'un long travail d'enquête mené par une commission parlementaire dotée de vrais pouvoirs rien à voir avec la mission d'information conduite par Paul Quilès sur les éventuelles responsabilités françaises dans le génocide rwandais. Cette commission avait été mise sur pied après la parution de l'Assassinat de Lumumba, écrit par un sociologue flamand, Ludo de Witte. En s'excusant de la sorte auprès du peuple congolais, le royaume poursuit crânement son examen de conscience et aborde sa mémoire coloniale avec une transparence que devrait lui envier ma seconde patrie, la France.
Les relations franco-africaines ne seront définitivement apaisées que le jour où l'étendue de la mémoire coloniale sera recouvrée, reconnue et acceptée par l'ensemble des protagonistes, Fr