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Libération
TRIBUNE

L'hyperunilatéralisme américain

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publié le 13 février 2002 à 22h13

Ceux qui, au lendemain du 11 septembre, avaient cru déceler chez les Américains un retour à une approche moins unilatérale du monde, plus ouverte aux intérêts des autres pays, plus respectueuse des organisations internationales, ont déchanté. Après avoir fait tomber Kaboul en quelques semaines, un résultat que les Russes avaient mis dix ans à atteindre, les Américains ont changé subitement de ton.

«L'hyperpuissance» semble même, ces jours derniers, avoir inventé «l'hyperunilatéralisme». George W. Bush a chiffonné sans ciller le traité ABM (Anti Balistic missile), qui est allé rejoindre une demi-douzaine d'autres dans sa corbeille à papier: le protocole de Kyoto sur les effets de serre, le traité sur les mines antipersonnel, celui sur la Cour internationale pénale, le protocole sur les armes biologiques, le traité interdisant les essais nucléaires, l'accord sur le contrôle des armes de petit calibre...

Fin janvier, sans consulter ses alliés, le président américain a dénoncé un «axe du mal» formé par l'Iran, l'Irak et la Corée du Nord et prévenu d'un coup de menton: «Certains gouvernements se montreront timides face à la terreur. Mais ne vous y trompez pas: s'ils n'agissent pas, l'Amérique agira!» Pour s'en donner les moyens, il a décidé d'augmenter le budget militaire américain de 48 milliards de dollars, soit... une fois et demie le budget total de la Défense française. Exaltés à l'idée de mener enfin une «guerre juste», sentiment qui avait disparu depuis la guerre du Viêt-nam