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Libération
TRIBUNE

Chirac, le catalogue de la déroute

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par Jean-Marc Ayrault
publié le 15 février 2002 à 22h16

Monsieur le Président sortant, c'est une étrange candidature que vous avez présentée sur TF1. Nous attendions avec curiosité les motifs de l'impérieuse nécessité de vous représenter. Nous eûmes ce singulier exercice d'autojustification d'un passé qui ne passe plus. Le vôtre.

Sans doute aviez-vous besoin de cette catharsis pour solder un septennat vide de réalisations mais plein de renoncements, qui a désespéré jusqu'à vos plus chauds partisans. «Si Jacques Chirac est doué pour gagner les élections, il l'est beaucoup moins pour gouverner», écrit le très conservateur quotidien britannique Financial Times. Sagesse anglaise.

Il serait trop facile d'effacer sept ans d'impuissance au prétexte que vous avez exprimé votre soudaine passion de candidat aux Français. A vrai dire, cette passion vous a plutôt égaré quand vous avez une nouvelle fois tenté de brosser «avec fierté» un tableau aussi enjolivé de votre mandature. De quelle «fierté» peut-il être question? La qualification pour l'euro dont vous vous êtes targué avec votre aplomb coutumier? Quelques instants plus tôt, vous reconnaissiez avoir dissous parce que votre gouvernement ne remplissait pas les critères de Maastricht. Vous n'aviez pourtant pas lésiné sur les hausses d'impôts et les prélèvements. 100 milliards rien que pour l'année 1995. La France rata ainsi le train de la croissance qui redémarrait partout en Europe et aux Etats-Unis. Le «respect de l'autre» vous a sans doute empêché de reconnaître que c'est le gouvernement