Quand il était jeune, ses camarades de la LCR l'appelaient «Juju», et peut-être a-t-il au PS conservé ce sobriquet? Je ne sais... La droite, elle, ne sait comment prendre ni comment dire Julien Dray, qui lui fait problème. Appelé à devenir très populaire dans les commissariats, après son bidouillage réformant la garde à vue dans le sens de la revendication flicardière, le député de l'Essonne fait un assez piètre candidat au pilori «idéologique», sur le mode «trotskiste un jour, trotskiste toujours» comme les aime Debré-la-Joie. Etait-ce l'effet trop connu de la fonction qui fait organe, l'expression d'une vicieuse surenchère tactique ou celle d'un grave dérapage? Toujours est-il que Dray nous fit furieusement songer à Jules Moch, le fameux matraqueur SFIO, en s'en prenant mardi à Laurent Mucchielli à propos d'«insécurité». Lors d'un débat à Sciences-Po, le sociologue du CNRS avait développé la thèse qu'il signa avec d'autres dans ces pages (voir Libération du 30 janvier), relative à l'extrême confusion entourant la notion de «violence», telle que brouillée aujourd'hui dans les médias par une terrifiante inflation électorale. On avait imaginé que «Juju» pouvait entendre cela, et Dray nous a dans la plus optimiste des hypothèses fondu un plomb. Car, de quelque façon qu'on le prenne, et sans même préjuger du débat sur le fond, son «Moi, je ne suis pas un sociologue assis derrière un bureau», aboyé à l'adresse de Mucchielli, est intolérable. Ce type de stigmatisation de l'
Juju, comme Jules Moch?
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publié le 15 février 2002 à 22h16
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