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Libération
TRIBUNE

Du Ron-Ron dans les macarons

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par Alexandre Cammas, Guillaume CROUZET et Emmanuel RUBIN
publié le 18 février 2002 à 22h18

La couverture écarlate a toujours de la tenue, l'affaire agite encore ici ou là le landerneau gastronomique et la fameuse troisième étoile promet quelques lendemains sonnants et trébuchants à l'heureux élu mais après... Rien ou si peu! C'est par où le sens? Tout se passe comme si aujourd'hui la vérité de la cuisine se jouait ailleurs. Dans l'instant de la modernité et surtout dans le dos du Michelin. De moins en moins prisé par un public soucieux de nouvelles manières de table et copieusement gavé de guides en tout genre, Michelin est aussi à présent nettement moins redouté par les chefs. Lesquels prennent de plus en plus de plaisir à aller voir ailleurs s'ils y sont. A la recherche d'autres étoiles et de nouvelles saveurs, on les sent d'année en année moins crispés. Ils aèrent la cave, ouvrent la fenêtre des cuisines, féminisent les brigades, métissent les assiettes, mitonnent design, mijotent concepts, ressortent les carnets de grand-mère, régressent de sardines en jambon-purée, osent les herbes rares, le tout-légume, les Carambar, tranchent dans le terroir et piquent dans le new british. Ils font de la télé, passent à la radio, pigent dans les journaux, entrent en Bourse, s'éclatent à Paris, Amsterdam, New York, Laguiole, Pétaouchnok... Vivent leur vie en somme. Préparant soigneusement l'heure où, sûrs de leurs faits et de leurs talents, ils pourront dégager en touche les travers de la Bibendum food, sans risque d'y laisser la plus petite particule de leur tablier. Savoy